Visite de la plateforme Bayer Comment avoir une gestion responsable des herbicides ?

Plus de 5.000 personnes dont 3.500 agriculteurs ont visité la plateforme depuis son ouverture en 2004. (© Terre-net Média)

« La simplification des techniques culturales, le raccourcissement des rotations, la tendance aux semis plus précoces, ainsi que l’apparition des phénomènes de résistances ou encore l’évolution de la réglementation oblige à mettre en place une gestion responsable des herbicides, résume Jean-Paul Souchal, chef marché gamme automne et méso printemps. D’autant qu’il n’y aura pas d’innovations à moyen terme. Il devient donc de plus en plus indispensable de combiner chimie et agronomie pour pérenniser l’efficacité des produits et maintenir la qualité du désherbage. »

C’est pourquoi depuis cinq ans, la firme a testé différentes stratégies sur une dizaine d’hectares de blé sur sa plateforme d’Eaux-Puiseaux, dans l’Aube. Elle a dévoilé les résultats de ces essais la semaine dernière lors des visites auxquelles ont participé près de mille agriculteurs et distributeurs :

• Labour : « Il n’est pas question de revenir en arrière, mais réaliser au moins un labour après un échec de désherbage est efficace. Une fois enfouie dans le sol, la graine perd ses capacités à germer. Nous avons observé une forte diminution de la population de ray-grass, de 54 à 94% selon les années. On conseille toutefois d’espacer les labours de 2 à 4 ans. »
• Faux-semis : « C’est une technique qui marche car on fait germer les graines et on les détruit avant le semis. Son efficacité dépend ensuite des régions et des climats. Après cinq ans de blé sur blé nous avons par exemple atteint les limites : après une réduction de 70 à 80 % les trois premières années, la tendance était à la hausse. »
• Programme : « C’est toujours plus facile de désherber en deux fois, à l’automne puis au printemps, plutôt que de faire un traitement unique. Dans le cas de fortes infestations, l’investissement en herbicides est largement compensé par le gain de rendement. »
• Mélanges : Neuf ratios ont été expérimentés. « L’efficacité est faite par le produit qui marche. Il n’y a donc pas d’intérêt à mélanger quand un des deux produits est résistant. Nous déconseillons donc les mélanges ACcase-ALS car le produit seul est plus intéressant. »
• Mosaïque ou maille : « Cette technique est issue du monde hospitalier. L’idée est de cantonner le phénomène de résistance en alternant les bandes cultivées. Les résultats sont assez ambigus mais nous avions un trop gros écart d’efficacité entre les deux produits testés. La déclinaison aux champs suscite encore des questions : Comment gérer les tronçons ? Quelle est la bonne taille : 6, 12 ou 24 mètres de largeur ? »

Bilan et suites ?

Jean-Paul Souchal a présenté les résultats. (© Terre-net Média)

« Contrairement aux mélanges et à la mosaïque, le labour, le faux-semis et le programme ont prouvé leur efficacité. C’est d’ailleurs la combinaison faux-semis et programme qui a donné les meilleurs résultats. »

Bayer va poursuivre ses essais dans le Loir-et-Cher, sur sa plateforme de Mer, où elle va par exemple travailler sur l’efficacité des rotations, notamment entre le blé et le colza. « Pour mettre encore plus en œuvre cette gestion responsable des herbicides céréales, nous allons lancer dès le 15 juin un site (www.diagherbi.fr) pour que les agriculteurs et les techniciens puissent évaluer le niveau de risques, mettre en place des plans d’actions et faire un suivi pluriannuel », annonce Jean-Paul Souchal.